2012 fut une belle année pour VPro Coaching : pleine de défis, de nouvelles rencontres et d’exploits sportifs. Dans cette interview vous découvrirez une des plus belles expériences professionnelles que j’ai pu vivre : une préparation mentale pour gravir le Kilimandjaro. En effet, j’ai eu le plaisir de travailler avec Dominique Véran, paraplégique et instigatrice du projet, afin de la préparer pour la réalisation de cet exploit. Un témoignage émouvant, motivant et plein d’espoir.
– Pouvez-vous nous parler de votre volonté de faire l’ascension du Kilimandjaro? Était-ce un rêve depuis longtemps?
Pour mieux comprendre ma volonté, il faut savoir que dans ma vie je n’avance peut-être pas vite, mais je ne recule jamais. Ce projet de faire un des plus beaux sommets du monde m’est apparu à 26 ans, lorsque je faisais beaucoup de randonnées. Pourtant, après mon accident et avec la survenue du handicap, je ne croyais plus cela possible pour moi. Malgré tout, mon rêve a continué de vivre discrètement, sans faire de bruit. En 2010, lors d’une randonnée en joëlette (nb : sorte de chaise à porteurs munie d une roue et de branquards pour permettre à des personnes valides de la diriger) il s’est mis à neiger et nous avons dû faire face à ce changement inattendu de condition. Nous avons très bien réussi ce challenge et cela m’a remémoré mon vieux rêve qui est revenu au goût du jour. Progressivement, l’idée a germé et je me suis renseignée pour savoir si c’était réalisable.
– Quand avez-vous décidé qu’il était possible de le réaliser?
J’ai rencontré une association, « Mon p’tit loup », parrainée par Pierre Perret, qui avait été créée pour aider un jeune IMC à faire l’ascension du Kilimandjaro. Cette association familiale m’a aidé à organiser le voyage et surtout à y croire plus fort. Si quelqu’un l’avait déjà fait jusqu’à 5000 m, alors je pouvais espérer de le faire jusqu’au sommet (5895 m) !
– Quels moyens avez-vous mis en œuvre pour mettre toutes les chances de votre côté? (préparation, sponsors, équipe…)
Il faut être un peu fou pour se lancer dans un tel projet, mais c’est de la bonne folie ! La préparation a pris deux ans en tout. On a d’abord créé une association pour avoir des sponsors et constituer une équipe motivée. Rapidement, j’ai voulu qu’il y ait avec moi d’autres personnes avec des handicaps différents (visuel et auditif), pour partager nos émotions et nous soutenir dans nos difficultés. Le médecin fut le dernier à rejoindre l’équipe, il nous a beaucoup aidés. Pendant l’ascension, nous avons fait aussi un film que nous présenterons dans le département.
Pour la préparation, un des sponsors nous a offert trois mois d’entrainement physique dans une salle de sport afin d’être bien prêt pour cette épreuve sportive. De mon côté, j’ai aussi choisi de faire une préparation mentale.
– Comment avez-vous pensé à faire une préparation mentale pour cette occasion unique?
Je me suis bien préparée physiquement mais j’avais un doute sur mon mental, je n’étais pas sûre de moi et je me dévalorisais. Je me demandais quelle serait ma place dans l’aventure et j’avais peur d’être un frein pour les autres. En parallèle, je recevais des nouvelles de VPro régulièrement et j’ai reçu un message au moment même où je me lançais vraiment dans le projet. Pour moi c’était plus qu’un signe, j’ai donc franchi le pas.
– Comment se sont passé les premières séances?
Dès le début de notre travail ensemble, Virginie m’a rassuré et j’ai pu découvrir tous les côtés positifs que j’avais en moi. Cette nouvelle vision de moi m’a presque donné envie de pleurer… Je me suis rendue compte que j’étais beaucoup trop négative envers moi-même, je me sous-estimais constamment et il fallait que cela change. Je me suis accrochée car je sentais que c’était important et que j’en avais besoin, au-delà de ce challenge. En effet, le travail qu’on a fait ensemble m’a permis non seulement d’aller au bout du projet, mais il m’aide aussi énormément au quotidien dans ma vie de tous les jours.
– Concrètement, qu’est-ce-que la préparation mentale vous a apporté avant votre départ?
Cela m’a rassuré sur mes capacités et m’a permis de me réconcilier avec moi-même. J’ai vite commencé à sourire bêtement pour un rien, c’était une sensation si agréable, j’apprenais enfin à m’aimer. Je me sentais nettement plus « amoureuse de moi-même » !
La préparation mentale m’a aussi éclairci les idées et j’ai pu mettre en place une meilleure organisation avant le départ. J’ai su bien cerner mes priorités, hiérarchiser les choses à faire et mettre de côté les détails qui avaient moins d’importance. Cette planification efficace a d’ailleurs eu des conséquences positives sur toute l’équipe avant et après le départ.
– Pouvez-vous nous raconter rapidement votre aventure sur place?Tout s’est très bien passé. J’ai gardé la forme, le sourire et le moral tout le long. J’ai l’impression que ma bonne humeur a influencé la motivation de l’équipe, comme s’ils faisaient des efforts en partie pour moi. Les porteurs tanzaniens nous ont aussi vraiment aidés, ils se sont vite appropriés le challenge et ont joué le jeu à fond. Pourtant, en Tanzanie, le handicap est vraiment considéré comme une tare et les personnes handicapées sont cachées. Du coup, j’ai l’impression que cet exploit d’équipe a fait évoluer leurs mentalités dans le bon sens. Le meilleur moment reste lorsque nous sommes arrivés au sommet ! C’était fabuleux ! On pleurait tous dans les bras les uns des autres, même avec les tanzaniens (alors que ce n’est pas du tout dans leurs traditions), tout le monde était vraiment joyeux … C’était un moment magique, extraordinaire !
– Pendant le voyage, en quoi la préparation mentale vous a-t-elle soutenu au quotidien?
Déjà le jour du départ, les phrases et idées qu’on avait développées pendant la préparation m’ont aidé à garder le sourire! Je réalisais pleinement le bonheur et le rêve que j’étais partie pour vivre. Grâce à ça, j’ai eu une pêche d’enfer du premier au dernier jour. Rien ne pouvait me démotiver, j’étais capable de dépasser chaque barrière que je rencontrais, plus aucune marche ne me paraissait être trop haute pour moi. Même la fois où j’ai eu très mal au dos, je n’ai pas craqué. Avant même de commencer à broyer du noir, j’ai su me prendre en main immédiatement. En résumé, chaque jour la préparation mentale m’a aidé à tenir quand c’était dur, je me sentais vraiment à ma place et j’ai pu fortement motiver le groupe.
– Quel est le bilan de la réalisation de cet exploit?
Même avec du recul, je ne suis toujours pas sortie de ce rêve… J’en parle sans cesse. C’était tellement magique, irréel, loin de toute superficialité. J’ai pu voir d’autres façons de vivre, des gens sans rien qui parviennent à être heureux quand même. C’est une vraie leçon de vie.
Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire mon histoire pour témoigner du fait que le handicap peut donner un sens nouveau à sa vie. La vie continue, elle ne se termine pas avec le handicap, elle a parfois même plus d’intensité qu’avant. Ma victoire, c’est aussi celle sur la vie. On peut vivre encore tellement de belles choses et avoir la tête pleine de rêves. Il faut juste oser vivre ses rêves !
– Recommanderiez-vous une préparation mentale à d’autres sportifs en quête de leur rêve?
Évidemment ! La préparation mentale a changé pleins de choses dans ma vie. Cela m’a enrichi dans tous les domaines et c’est aussi pour cela que je la conseille à tous ceux qui veulent accomplir un exploit ou être simplement pleinement heureux dans leur vie ! J’ai de nombreux contacts autour de moi qui, en voyant les bénéfices sur moi, envisagent de faire aussi une préparation mentale. Le bien-être c’est contagieux !
Super article !
Magnifique et plein d’espoir pour ces personnes qui sont un exemple pour les autres !
L’esprit et le mental est le pouvoir ultime de l’homme….! Bravo pour ce bel exemple de dépassement de soi-même.
Trés émouvant !
BRAVO
Site tres interressant