Le perfectionnisme est souvent considéré comme un gentil petit défaut, presque une qualité si l’on peut dire. Il est le plus facile des défauts à « avouer » en entretien d’embauche et dans certain contexte comme le sport, il peut induire l’admiration bienveillante de l’entourage. L’image populaire du perfectionniste est donc celle d’une personne sérieuse, qui travaille bien et s’investit beaucoup dans ce qu’elle fait. Pourtant, derrière cette apparence positive, se cache un aspect de la personnalité pas si anodin que ça, et qui peut même s’avérer très destructeur…
Mais alors, le perfectionnisme qu’est-ce que c’est ? C’est tout simplement, l’ambition permanente d’atteindre la perfection dans ses objectifs. Or, la perfection n’existe pas… Comment donc être satisfait si on recherche en permanence quelque chose d’inatteignable ? Imaginez l’immense frustration que peut engendrer cette quête acharnée d’une chimère introuvable. C’est comme vivre au quotidien le supplice de tantale, être toujours si près du but, le désirer ardemment et pourtant rester inlassablement incapable de l’atteindre. Cette tendance à se fixer des objectifs impossibles augmente le nombre d’échec perçu et finit nécessairement par altérer l’estime de soi. La réussite, les compétences, les capacités sont niées ou paraissent « normales », puisqu’il en faut toujours plus. Le stress s’accroît face à ces exigences sans fin, la pression augmente (« je dois gagner pour ne pas être un nul ») et la peur de l’échec s’autoalimente de ces réussites impossibles. En conséquence, la motivation s’en trouve fortement ébranlée et le perfectionniste peut finir par oublier la notion de plaisir, au point d’abandonner ses objectifs, persuadé en prime d’être un incapable.
Dans le sport, le perfectionnisme est omniprésent. Combien de fois ai-je entendu en début de préparation mentale : « Pour progresser il faut toujours vouloir plus », « si j’ai réussi, c’est parce que c’était facile », « j’aurai du mieux jouer »… Sous une apparence de « bon sens », on retrouve derrière ces phrases l’insatisfaction chronique et la difficulté de prendre conscience de ses forces et ses qualités. C’est particulièrement nocif chez un enfant ou un adolescent qui construit son identité sur la base de ses représentations erronées.
Heureusement, il est possible à chaque étape de sa vie de maitriser et modérer cette tendance à rechercher la perfection. Et pour cela, autant en finir de suite avec une idée préconçue très limitante : le perfectionniste n’a pas le monopole de l’ambition ! Autrement dit, il est possible d’être un battant et même un conquérant sans tomber dans le perfectionnisme pour autant.
C’est pourquoi, il est important de valoriser pendant la préparation mentale et/ou au quotidien, certaines qualités telles que l’exigence envers soi-même, la persévérance, le sens de l’engagement ou la passion. Ce sont de bonnes alternatives, plus particulièrement lorsqu’elles sont associées à la confiance en soi et l’épanouissement personnel, qu’il est important de nourrir et entretenir. Performances et plaisir vont de pair. Pour atteindre les sommets, nul besoin de viser les étoiles. Il « suffit » de définir correctement des objectifs ambitieux et réalisables, de persister, s’adapter et garder confiance en soi tout au long du parcours. C’est en savourant chaque victoire et chaque étape que l’on accumule assez de force et d’expérience pour se fixer de nouveaux objectifs, que l’on peut progresser durablement et, pourquoi pas, atteindre ses propres idéaux.